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Histoire d’atelier à quatre mains

Voir devant soi, les couleurs s’étaler et donner vie au souffle secret qui nous habite.

Aujourd’hui, je vous présente une acrylique sur toile réalisée par Marie-Claude à l’été 2019. À la différence des autres projets à quatre mains, elle a choisi d’être seule devant sa toile pendant que les miennes s’occupaient à lui fournir les couleurs dont elle me disait être friande.

Acrylique sur toile, 36 x 40 po., 2019

Je ne sais pas pour vous mais moi, je trouve cette toile magnifique. J’aime tout particulièrement les rouges flamboyants qui contrastent agréablement avec les bleus installés lors de la première rencontre. Devant le blanc immaculé de la toile, prendre le risque de briser cette blancheur impeccable, trouver en soi le courage de se laisser emporter par le jeu des couleurs. Accepter tout un lot d’émotions qui nous connectent à nous-même et parfois même, nous y confrontent. En tout temps, il s’agit de travailler avec les désirs, les peurs, les hésitations, le désespoir, la colère parfois et puis, la joie, la douceur, l’espoir, la tendresse et le lâcher-prise nécessaire à la formulation.

Afin de poursuivre le processus de création sous une autre forme d’expression, j’ai proposé à Marie-Claude d’ajouter une post-réflexion sur l’expérience que nous avons vécue ensemble :

« Sur trois rencontres, Annie a mise en place un lieu pour explorer le jeu des couleurs et du mouvement par la peinture. Depuis un bon moment, j’étais bloquée dans un méandre, un sentiment d’impuissance et d’incapacité, me menant dans une tristesse, un chagrin profond. Incapable de me relever seule et de nommer ce qui me rendait ainsi clairement, je suis restée dans l’immobilité et le chagrin, nuit après jour, jour après nuit. J’ai contacté Annie, je devais remettre l’énergie en mouvement, jouer avec les couleurs tout en étant accompagnée dans la douceur et la bienveillance mais aussi confrontée à moi-même, mes désirs, mes inconforts, mes peurs, mes craintes. Annie a su, dans un grand respect et un discernement sensible, dans l’amour de l’humain plongé dans ses conflits me remettre sur le chemin de la résolution de mes conflits, j’ai réussi à débloquer l’émotion réprimée et non-entendue, tenue secrète à l’intérieur, j’ai pu plonger en moi-même et trouver mes réponses. Grâce au jeu, aux couleurs, à l’interaction tantôt dynamique, tantôt méditative, aux échanges entre Annie, la peinture et moi, nous avons créé un espace pour que la vie reprenne son cours. Merci Annie de ta grande générosité d’âme qui résonne en nous et j’espère revivre cette expérience sans venir pour résoudre mais simplement pour le goût de jouer encore… Qui sait ce que nous pourrions découvrir…. Voir devant soi, les couleurs s’étaler et donner vie au souffle secret qui nous habite..»

Pour clore notre série de trois rencontres, nous n’avons pu résister à nous lancer dans l’aventure de peindre ensemble sur un support papier pour l’unique plaisir d’être connectées l’une à l’autre.

Acrylique sur papier, 48 x 36 po., 2019

En guise de conclusion, je vous partage cette citation tirée du magnifique livre de Christian Bobin qui m’a été offert par Marie-Claude :

« La mélancolie se lève chaque matin une minute avant moi. Elle est comme quelqu’un qui me fait de l’ombre, debout entre le jour et moi. Je dois pour m’éveiller la repousser sans ménagement. La mélancolie aime la mort, d’amour profond. Cela fait des années que je lutte avec ces profondeurs, que je m’efforce de limiter leur influence, sans y parvenir toujours. Seule la légèreté de la vie peut chasser l’insondable mélancolie. La légèreté m’est toujours venue du côté de l’amour. Pas du sentiment : de l’amour. » dans Présence pure et autres extraits, Christian Bobin, Éditions Gallimard, 2008, p. 89.

Merci Marie-Claude pour ce beau voyage d’amour au coeur de la création!

Annie Bergeron

4 réflexions sur “Histoire d’atelier à quatre mains

  1. Nancy Benoit dit :

    Notre plus grande force c’est de se montrer vulnérable. Ne serait-ce que pour re-connecter notre capacité de ressentir car c’est ce qui nous fait sentir vivant ! Et je crois profondément que l’art est un véhicule qui permet de tisser des liens, d’abord avec soi-même, pour mieux aller vers l’autre. Lorsque le processus créatif est partagé dans une visée thérapeutique, l’art nous ouvre un chemin vers la guérison. Bravo Annie Bergeron d’aborder ton travail d’artiste dans ce sens.

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  2. denise bouffard dit :

    Merci à Marie-Claude de ce tableau merveilleux. Quelle chance vous me donnez de lire un texte aussi profond. Il y a tant de beauté dans le monde,merci Annie et Marie-claude de nous le partager.

    Aimé par 2 personnes

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